
Les deux stages pratiques qu’elle y effectue renforcent ses compétences, mais surtout son ancrage dans le réseau socio-sanitaire fribourgeois. Dès la fin de ses études, elle s’engage comme assistante sociale à l’AVASAD (Association vaudoise d’aide et de soins à domicile), avant de devenir curatrice pour l’État de Vaud. Ces expériences affinent sa compréhension des droits et de la protection des personnes, et la conduisent à assumer un poste de cadre à la Fondation le Tremplin. Animée par un désir constant d’apprendre, elle poursuit actuellement un CAS en gestion d’équipe et conduite de projet à la HETSL. Durant ses études, elle co-fonde l'association des Alumni HETS-FR, qu’elle préside encore aujourd’hui, convaincue de l’importance des échanges entre pairs pour enrichir les pratiques et renforcer le lien avec l’école. Un engagement à l’image de son parcours : profondément humain et tourné vers le collectif.
Tout d’abord notre association est l’occasion de prolonger le lien entre les anciens et anciennes étudiant-e-s de l’école. Elle permet de poursuivre les discussions autour de notre profession de travailleur social et ainsi échanger sur nos réalités et défis dans nos divers milieux professionnels.
La proximité de notre association avec la direction de la HETS-FR et ses enseignants est également précieuse. Elle permet d’y intégrer les expériences du terrain et ainsi faire évoluer les enseignements en tenant compte des réalités actuelles.
La période de vie que chaque diplômé a vécu au sein de cette école a souvent été charnière dans la construction de son identité personnelle et professionnelle. Des moments forts ont été partagés et des souvenirs se sont créés.
Garder un lien entre anciens permet à la fois de se remémorer ses souvenirs et de se constituer un précieux réseau professionnel.
En plus d’unir les diplômés de la HETS-FR, notre association a pour missions d’assurer un soutien aux jeunes diplômés et aux étudiants en cours de formation. Cela peut prendre plusieurs formes comme l’écoute, l’orientation dans le réseau professionnel, la relecture de travaux, etc. Depuis nos débuts, nous remettons également un prix Alumni à chaque remise de Bachelor, l’objectif étant de promouvoir les pratiques novatrices en travail social.
Les relations avec les autres associations alumni nous permettent également d’enrichir nos échanges et d’ouvrir nos réflexions à d’autres domaines d’activités.
Au fil des années je dirai que mon regard c’est davantage affiné sur le rôle et les impacts des politiques sur notre profession. Être travailleur social a beau être un métier du « care » il est largement influencé par des décisions politiques et économiques. En début de carrière, nous axons souvent notre énergie sur le développement de nos compétences terrain et n’avons pas toujours conscience de ces enjeux. Après 7 ans d’expériences, dont deux en tant que responsable d’équipe, j’ai à cœur d’agir à mon niveau pour éveiller les consciences politiques à la nécessité du renforcement de notre profession.
Dans le cadre de mon expérience de curatrice professionnelle, j’ai rapidement constaté que l’aide contrainte avait ses limites et laissait peu de place à l’accompagnement social. En effet, entre la surcharge de travail liée aux nombres de mandats (environ 70 pour un 100%), la complexification des procédures et souvent le manque d’adhésion des bénéficiaires, la place du travail social de terrain en devient très limitée. Or, ce dernier aspect est fondamental afin de permettre aux personnes accompagnées d’acquérir des compétences socio administratives dans le but de recouvrer leur autonomie. En raison du manque de temps et de moyens, l’écart entre les prescriptions reçues et la réalité du terrain se creuse de plus en plus. Nous sommes ainsi entrées dans un cercle vicieux où l’accompagnement ne connait plus de dates de fin.Â
Malgré toute la bonne volonté des professionnels de terrains, nous nous heurtons malheureusement à des positions politiques et économiques n’ayant pas toujours pour priorité le domaine de l’action sociale.
En tant que travailleuse sociale, je rêverai de simplifier notre système d’assurances sociales. Certes, nous avons la chance de vivre dans un pays proposant de larges prestations. Cependant la complexité de leur accessibilité entraîne encore trop souvent le non-recours aux aides, ainsi c’est toute une catégorie de la population qui se retrouve encore précarisé.
Les professionnels du domaine tentent par tous les moyens de faire tampon face au système. Or, le manque de temps et de moyens associés à l’augmentation des besoins des bénéficiaires ajoute encore une barrière supplémentaire. Venant d’un pays où l’excellence est le maître mot, mon vœu serait que l’humain puisse être remis au centre et que les professionnels du travail social puissent obtenir davantage de moyens pour maintenir des prestations de qualité auprès des personnes accompagnées.
Interview faisant suite au rapport annuel 2024 de la HETS-FR