Interview avec Aliose, bientôt en concert pour HES SUISSE

Le 19 septembre prochain, Aliose donnera en exclusivité un concert pour nos membres lors de la HES-Soirée. Ils se produiront en quartet avec deux alumni HES à la nouvelle halle des fêtes de la BernExpo. Dans cette interview, nous partons à la rencontre d’Alizé Oswald et Xavier Michel qui forment un couple sur scène et dans la vie. Ils nous livrent ici quelques secrets et partagent leur attachement avec le monde HES.

Comment votre duo s’est-il formĂ© ?
Nous nous sommes rencontrĂ©s en 2004 dans des ateliers pour auteurs-compositeurs-interprĂštes Ă  Nyon (les Ateliers du Funambule, qui n’existent plus aujourd’hui), et avons trĂšs vite eu envie de faire de la musique ensemble. C’est en 2009 que nous avons sorti notre premier album et qu’Aliose a concrĂštement vu le jour.

Et votre passion pour la musique, quand avez-vous su vouloir en faire un métier ?
Nous avons, l’un et l’autre, toujours baignĂ© dans la musique. AlizĂ© a toujours Ă©tĂ© attirĂ©e par la scĂšne (plutĂŽt le théùtre Ă©tant jeune), Xavier par les mots. Mais jamais nous n’aurions osĂ© envisager en faire notre mĂ©tier ! N’ayant pas de formation poussĂ©e dans un instrument particulier, cela nous paraissait improbable de rĂ©ussir Ă  vivre, en Suisse romande, de notre activitĂ© d’auteurs-compositeurs-interprĂštes (rien n’est prĂ©vu pour ça). Nous avons cependant beaucoup travaillĂ©, en parallĂšle Ă  des Ă©tudes universitaires dans d’autres domaines (histoire et littĂ©rature française pour Xavier, sociologie pour AlizĂ©), et avons eu la petite Ă©toile au-dessus de nos tĂȘtes qu’il fallait pour commencer Ă  ĂȘtre diffusĂ©s en radio et programmĂ©s dans des salles. Ça a fait boule de neige, et en 2012, alors que nous commencions Ă  gagner un peu notre vie avec la musique, nous avons montĂ© une sociĂ©tĂ© (SĂ rl) et dĂ©cidĂ© que ce serait un vrai mĂ©tier. Nous nous sommes rendu compte ensuite que ce n’était pas un, mais vingt mĂ©tiers qu’il fallait apprĂ©hender ! Mais nous avons dĂ©veloppĂ© nos activitĂ©s depuis et vivons de musique et d’écriture depuis bientĂŽt quinze ans maintenant.

Aliose cover album 2022 - Regarde ailleurs (@BiinĂŹme)

 

D’oĂč vous vient l’inspiration pour composer vos chansons ?
De moments de vie, des autres, de la nĂŽtre, qui se mĂ©langent et se confondent. Du monde qui nous entoure et de la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral. Nous ne revendiquons pas ĂȘtre des artistes « engagĂ©s », mais nous mettons beaucoup d’engagement dans nos chansons, tĂąchons d’y mettre du sens, de traiter de vrais sujets avec un angle si possible original. Et surtout de faire correspondre le mieux possible la langue française avec nos mĂ©lodies.

Comment vit-on en tant qu’artiste les pĂ©riodes intenses des tournĂ©es et les moments plus solitaires pour la composition ?
Nous avons une vie assez dingue, faite de “up and down” ! Des phases d’ultra-sociabilisation, d’autres de crĂ©ation, des phases d’émotions intenses, d’autres de relĂąchement. Ce qui fait que nous ne nous ennuyons jamais. Nous avons l’habitude de ce travail cyclique, comme un saisonnier. Un temps pour semer, un temps pour rĂ©colter. Et comme nous travaillons toujours Ă  deux au minimum, nous ne sommes jamais vraiment totalement seuls. Mais nous avons dĂ©finitivement besoin des deux : crĂ©er et partager.

Vous avez joué dans le plus grand festival open air de Suisse à Paléo, comment est cette expérience ?
Nous y avons jouĂ© Ă  trois reprises (2011, 2016 et 2023), chaque fois sur une scĂšne plus grande ! Le PalĂ©o Festival a accompagnĂ© notre dĂ©veloppement. Et la derniĂšre fois Ă©tait assez dingue puisque c’était une scĂšne de 20'000 personnes et que le public Ă©tait au rendez-vous. Aliose @ PalĂ©o Festival 2023 After Movie

Le Paléo Festival a accompagné notre développement.

Comment évoluer en tant que chanteur de chansons françaises en Suisse avec ses spécificités linguistiques ?
C’est sĂ»r que la Suisse romande est un tout petit marchĂ©, que l’industrie musicale y est trĂšs peu dĂ©veloppĂ©e, et que peu de choses sont mises en place (structures, soutien, etc.) pour en faire un mĂ©tier. Donc la France est Ă©videmment un terrain important Ă  conquĂ©rir, lorsque l’on chante en français. Notre terrain est la Francophonie, et elle est vaste ! Nous avons toujours fait de notre spĂ©cificitĂ© linguistique une force, c’est elle qui nous a menĂ©s en tournĂ©e aux quatre coins du monde. MĂȘme si la Suisse est toujours restĂ©e notre terrain de jeu prĂ©fĂ©rĂ©.

Quel est votre lien avec le milieu artistique de Suisse allemande ?
Il est malheureusement trop tĂ©nu ! En 2015, nous avons voulu nous investir davantage pour venir Ă  la rencontre du public suisse-allemand, nous avions commencĂ© Ă  bĂątir des partenariats, mais nous avons signĂ© Ă  la mĂȘme Ă©poque avec trois trĂšs importants partenaires français (Warner Music France, Live Nation France et Universal Music Publishing). Nous nous sommes ainsi tournĂ©s vers la France. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, nous essayons de collaborer, quand nous le pouvons, avec des artistes suisse alĂ©maniques (nous avons travaillĂ© avec JaĂ«l, Greis, Dabu Fantastic, entre autres), mais ce n’est pas Ă©vident, il y a peu de ponts entre les deux cultures. C’est incroyable de se dire que d’un cĂŽtĂ© et de l’autre – alors que nous vivons dans le mĂȘme pays – il y a des artistes Ă©normes dont on ne connaĂźt pas mĂȘme le nom de l’autre cĂŽtĂ© ! Nous sommes toutefois convaincus qu’il y aurait moyen d’augmenter nos passages Outre-Sarine, et de multiplier les collaborations. Nous en appelons de nos vƓux. (A bon entendeur ! 😉)

Le réseau est à notre avis l’un des outils les plus utiles pour développer une carrière en musiques actuelles.

Vous ĂȘtes tous les deux enseignants Ă  l’HEMU – Haute Ecole de Musique et formez des Ă©tudiant·es talentueux en musique. Qu’est-ce que la formation HES en musique leur apporte ?
Au-delĂ  d’un apprentissage « thĂ©orique » et « pragmatique », les Ă©tudiant·es ont l’occasion de se confronter Ă  de nombreux autres artistes et univers. Le « rĂ©seau » est Ă  notre avis l’un des outils les plus utiles pour dĂ©velopper une carriĂšre en musiques actuelles : les synergies qui naissent dans ce type de cadres sont essentielles. On pourrait se dire qu’un « papier » en musiques actuelles ne coule pas de source, mais s’il confronte l’étudiant·e Ă  la rĂ©alitĂ© du terrain, alors ce dernier pourra en ressortir avec de bonnes armes en main.

Quel est selon vous le message le plus important à transmettre à vos étudiant·es ?
Cultiver la passion, mais ne pas sous-estimer la rigueur et le travail nĂ©cessaires pour vivre de musique en Suisse. Se diversifier aussi, et ĂȘtre trĂšs ouvert. Dans le cadre de notre cours, nous les accompagnons dans leur crĂ©ativitĂ©, leur apportons des outils pour stimuler et amĂ©liorer leur rapport Ă  la composition et Ă  l’écriture. Nous sommes pour notre part en grande partie des autodidactes.

Quel lien entretenez-vous avec vos Ă©lĂšves devenu·es diplĂŽmé·es de l’HEMU ?
Nous restons disponibles ensuite, dans la mesure du possible, s’ils ont des questions liĂ©es au dĂ©veloppement de leur carriĂšre, ou pour crĂ©er des ponts avec d’autres artistes ou partenaires ; certains nous demandent parfois un avis sur des crĂ©ations postĂ©rieures ; nous allons, quand nous le pouvons, les voir en concert. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, nous apprĂ©cions transmettre les compĂ©tences que nous avons accumulĂ©es sur le terrain durant prĂšs de 20 ans.

Racontez-nous comment la collaboration professionnelle avec les alumni de l’HEMU Arno Cuendet et Hugo Dordor, qui vous accompagneront sur scĂšne Ă  la HES-SoirĂ©e, a vu le jour ?
C’est un autre professeur de l’HEMU, FĂ©lix Bergeron – qui a Ă©tĂ© le batteur d’Aliose pendant longtemps – qui nous a recommandĂ© Arno Cuendet alors que nous montions une nouvelle tournĂ©e. Nous cherchions un multi-instrumentiste capable de jouer guitare, basse et clavier, et touchant Ă  la MAO. FĂ©lix l’avait repĂ©rĂ© dans ses cours. Nous avons tout de suite Ă©tĂ© impressionnĂ©s par son professionnalisme. Pour nous, les critĂšres principaux sont l’humanitĂ© et la fiabilitĂ© des musiciens, souvent mĂȘme avant leur « niveau ». Lui-mĂȘme nous a parlĂ© ensuite d’Hugo lorsque nous envisagions la tournĂ©e suivante, et FĂ©lix a confirmĂ©. Nous sommes trĂšs contents de leur offrir de belles scĂšnes comme VĂ©ga Ă  PalĂ©o, et ils remplissent le contrat Ă  chaque fois magnifiquement, ils sont trĂšs solides malgrĂ© leur (de moins en moins) jeune Ăąge.


Concert d'Aliose

Une soirée exceptionnelle attend nos membres le 19 septembre prochain avec Aliose en concert! 

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Infos et inscription

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